Cultiver son potager sans eau, ou presque !

Quels fruits et légumes du potager sans eau ?

En premier lieu, il est important de connaître les besoins hydriques des fruits et légumes pour adapter les méthodes de culture. Voici un tableau qui vous aidera à choisir les variétés adaptées à un potager sans eau (ou presque). Ce tableau ci-dessous illustre les nécessités d’irrigation de différents légumes, avec des recommandations en litres par mètre carré par semaine (litres/m²/semaine). Cela vous permettra de sélectionner les légumes les mieux adaptés à votre jardin en fonction de leur besoins en eau. A noter que ces quantités sont des fourchettes basses et hautes, c’est-à-dire que les besoins sont croissants, semaines après semaines.

Fruits/Légumes	Besoin en eau	Quantité en litres/m²/semaine recommandée
Concombre		38-50
Courgette		38-50
Tomate		27-41
Poivron		25-38
Aubergine		25-38
Piment		25-38
Melon		25-38
Maïs		25-38
Haricot vert		25-38
Patate douce		25-38
Pois chiche		13-25
Lentille		13-25
Okra (Gombo)		13-25
Aubergine indienne		13-25

Légende :

: besoin en eau faible

: besoin en eau moyen

: besoin en eau important

Sources : Vegplotter, FAO, USU Extension

4 techniques pour optimiser son potager sans eau (ou presque)

Préparation du sol

Tout d’abord, il faut savoir que la préparation du sol est essentielle pour un potager économique en eau. Incorporer des matières organiques comme le compost améliore la rétention d’eau du sol et fournit les nutriments nécessaires aux plantes. Un sol bien préparé agit comme une éponge, absorbant et retenant l’humidité plus longtemps. Cette pratique permet ainsi de drastiquement réduire la fréquence des arrosages.

Le paillis

Ensuite, utiliser du paillis est une technique connue pour réduire l’évaporation de l’eau. Une couche de paillis de 10 cm autour des plantations peut réduire de moitié la nécessité d’arroser. Le paillis protège également les racines des plantes contre les températures extrêmes et empêche la croissance des mauvaises herbes, qui peuvent rivaliser avec les légumes pour l’eau et les nutriments. Pour profiter pleinement des nutriments offerts par cette méthode, privilégiez des matériaux tels que les feuilles déchiquetées, la paille ou l’écorce de bois, qui maximiseront les nutriments pour votre sol. Si vous n’avez pas de paillage organique, le paillage synthétique, tel que la toile de paillage, peut être une bonne alternative. Il permettra ainsi de garder la terre fraiche et humide de manière viable.

Les différentes stratégies de plantations

En troisième lieu, regrouper les cultures ayant des besoins en eau permet d’optimiser l’utilisation des ressources. Par exemple, les cultures à racines profondes comme les tomates et les courges prospèrent avec moins d’arrosage tandis que les légumes à racines superficielles nécessitent plus d’attention. Planter en quinconce ou en utilisant des motifs de plantation spécifiques, comme les cercles ou les bandes, peut également aider à conserver l’humidité dans le sol. Assurez-vous de choisir des variétés de plantes qui sont adaptées à la chaleur et qui ont une bonne tolérance aux fortes chaleurs.

Optimisation de l’arrosage

Enfin, l’arrosage optimisé est crucial. Un système de goutte à goutte peut économiser jusqu’à 50 % d’eau par rapport à un arrosage traditionnel. Arroser le jardin tôt le matin ou tard le soir minimise l’évaporation. Utiliser des minuteries pour réguler l’arrosage permet également de s’assurer que les plantes reçoivent la quantité exacte d’eau dont elles ont besoin, ni plus ni moins. Pour illustrer l’efficacité, un système de goutte à goutte bien conçu peut réduire votre consommation de 30 à 60 % par rapport aux méthodes traditionnelles.

L’entretien en période de sécheresse

Par ailleurs, l’entretien du potager en période de sécheresse demande une attention particulière. Il faut surveiller l’état des plantes et ajuster les techniques d’arrosage et de paillage en conséquence. Les plantes doivent être inspectées régulièrement pour détecter les signes de stress hydrique, tels que le flétrissement ou les feuilles jaunies. Utiliser des ombrages temporaires, comme des toiles d’ombrage, peut également aider à protéger la végétation des rayons directs du soleil.

Il est également important de continuer à ajouter du paillis pour maintenir une couche protectrice efficace. Veillez à enlever les mauvaises herbes régulièrement, car elles peuvent consommer l’eau précieuse destinée à vos légumes. En phase de sécheresse prolongée, ajustez la fréquence et la quantité d’arrosage en fonction des exigences spécifiques de chaque plante, en utilisant des techniques telles que le contrôle de l’humidité du sol avec un hygromètre.

Un potager sans eau et durable face au changement climatique

D’après les prévisions de chaleurs pour les années à venir, ces pratiques de jardinage deviendront de plus en plus récurrentes. Adoption des techniques économes en eau, choix des cultures en fonction des nécessités d’irrigation de chaque végétal, choix des végétaux en fonction de leur résistance à la chaleur, etc. Chacune de ces pratiques a un intérêt pour protéger vos cultures des saisons arides. De plus, vous contribuez également à un usage plus durable et responsable des ressources en eau dans votre potager.

Selon la NASA, les températures mondiales ont augmenté d’environ 1,02°C depuis la fin du 19ème siècle. Des études montrent aussi que les sécheresses sont devenues plus fréquentes et plus intenses au cours des dernières décennies. En Europe, le nombre de jours de sécheresse a augmenté de 29 % entre les années 2000 et 2019 par rapport à la période 1981-2000, selon l’Agence Européenne pour l’Environnement.

Les pratiques économes peuvent avoir un impact significatif sur votre potager. Par exemple, l’utilisation de systèmes d’irrigation goutte à goutte peut réduire la consommation d’eau jusqu’à 60 % par rapport à un arrosage traditionnel. Quant à elle, l’application de paillis peut réduire l’évaporation de l’eau du sol de 25 % à 50 %, ce qui diminue énormément les besoins en arrosage.

Face à ces défis climatiques, un jardin optimisé peut être à la fois productif et respectueux de l’environnement. En choisissant des variétés adaptées, en optimisant les techniques de jardinage et en surveillant attentivement l’état de vos végétaux, vous pouvez créer un potager durable qui grandira même dans des conditions sèches. Cultiver un potager sans eau, ou presque, est non seulement possible mais aussi bénéfique pour l’avenir. En adoptant ces bonnes pratiques, vous contribuez à la conservation des ressources en eau tout en produisant des récoltes durable et saine.